Cette accusation « est évidemment fantaisiste », a aussitôt réagi le Quai d’Orsay. Les relations entre Paris et Ouagadougou n’ont cessé de se dégrader depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré par un coup d’Etat militaire, en septembre 2022.
Le Burkina Faso a décidé d’expulser l’attaché militaire de l’ambassade de France, accusé d’« activités subversives », lequel dispose de quinze jours pour quitter le pays, selon un courrier officiel consulté vendredi 15 septembre par l’Agence France-Presse (AFP).
« Le gouvernement du Burkina Faso a décidé (…) de retirer l’agrément de M. Emmanuel Pasquier, attaché de défense près l’ambassade de France au Burkina Faso pour activités subversives », a écrit le ministère des affaires étrangères burkinabé dans un courrier adressé jeudi à Paris, en donnant à M. Pasquier ainsi qu’à son équipe « un délai de deux semaines pour quitter le territoire ». La lettre ne fournit aucune explication concernant les « activités subversives » reprochées à l’attaché de défense.
Cette accusation « est évidemment fantaisiste », a aussitôt réagi un porte-parole du ministère des affaires étrangères français interrogé par l’AFP.
Depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré et de ses hommes, à la suite d’un coup d’Etat, en septembre 2022 – le deuxième en huit mois dans le pays –, les relations n’ont fait qu’empirer entre Paris et Ouagadougou, bien que les liens diplomatiques ne soient pas formellement rompus. Comme au Mali, voisin, Paris a refusé de travailler avec la junte pour assurer la sécurité du pays, d’autant plus que les dirigeants burkinabés ont, de leur côté, cherché à diversifier leurs partenaires dans la lutte antiterroriste, en ouvrant la porte à une éventuelle coopération avec la Russie et les mercenaires du Groupe Wagner – sans que la présence de ceux-ci soit confirmée dans le pays.
Plus de 6 000 morts depuis le début de l’année 2023
En mars, le Burkina Faso avait dénoncé un accord militaire conclu en 1961 avec la France, quelques semaines après avoir exigé et obtenu le retrait de la force française Sabre, nom de l’opération des forces spéciales tricolores au Sahel, en proie à des violences djihadistes.
Le gouvernement avait aussi demandé le départ définitif des personnels français en service dans les administrations militaires burkinabées. L’ambassadeur de France à Ouagadougou avait, lui, été rappelé après le coup d’Etat de septembre 2022. Il n’a pas été remplacé.
M. Traoré avait également remis en question l’efficacité de la présence des soldats français au Burkina Faso dans le cadre de la lutte antidjihadiste, dont il a exigé le départ en janvier. Son pays cherche depuis de nouvelles coopérations. Une délégation russe a échangé fin août avec M. Traoré à Ouagadougou sur des questions de développement et de coopération militaire et le capitaine Traoré s’est rendu en juillet à Saint-Pétersbourg au sommet Russie-Afrique.
Depuis 2015, dans la foulée de ses voisins du Mali et du Niger, également dirigés par des militaires, le Burkina Faso est pris dans une spirale de violences perpétrées par des groupes djihadistes affiliés à l’organisation Etat islamique et à Al-Qaida. Elles ont fait plus de 6 000 morts, civils et militaires, depuis le début de l’année 2023, selon l’ONG Acled.