La visite de Charles III confirme la volonté du premier ministre britannique, Rishi Sunak, de renouer avec l’UE et la France. Pourtant, il faudra plus qu’un dîner pour surmonter des années de dérive anti-européenne de Londres et d’incompréhension réciproque.
Depuis qu’en 1903 l’« Entente cordiale » a succédé à des siècles de conflits destructeurs, on se souvient moins de ces célébrations pour l’importance des discours qui y sont tenus − « Nous ne roulons pas du même côté de la route, mais nous allons dans la même direction », avait osé la reine Elizabeth II à Paris en 1972, à la veille de l’entrée de son pays dans la Communauté économique européenne − que pour le moment qu’elles fixent dans la chronique des relations d’amitié et de rivalité entre le Royaume-Uni et la France.
Bénéfices de coopérations
Programmée et conçue par Downing Street, comme tous les déplacements royaux, la visite en France de Charles III, 74 ans, après celle effectuée en mars en Allemagne, confirme la volonté de l’actuel premier ministre conservateur d’afficher sa volonté de renouer avec l’Union européenne et la France. Rishi Sunak a signé un compromis avec Bruxelles pour solder le contentieux sur l’Irlande du Nord et permettre le retour des chercheurs britanniques dans les programmes européens. A l’Elysée, il a signé un nouveau chèque destiné à financer l’action policière française contre les traversées de la Manche par des migrants.
La normalisation des relations entre Londres, Paris et Bruxelles est plus que jamais nécessaire, alors que l’agression russe en Ukraine se poursuit et que la solidarité des Occidentaux est mise à l’épreuve. Que ce soit en matière de diplomatie, de défense, de climat, d’énergie, d’immigration, les bénéfices de coopérations renforcées sont évidents. Le rapprochement peut être facilité par la prise de conscience de plus en plus large, au Royaume-Uni, des effets négatifs du Brexit.
Pourtant, il faudra bien plus qu’un dîner dans la galerie des Glaces ou qu’un discours au Sénat pour surmonter des années de dérive anti-européenne du Royaume-Uni et d’incompréhension réciproque. La sortie du marché unique et les illusions d’un destin extra-européen basé sur le dumping social, fiscal et environnemental n’ont fait qu’exacerber les rivalités économiques et financières.
Ironie de l’actualité, alors que le roi Charles, connu pour sa vigilance sur le climat, arrivait en France les bras ouverts, Rishi Sunak, premier ministre pro-Brexit, annonçait son intention de réduire les engagements environnementaux de son pays. Resserrer les liens distendus entre le Royaume-Uni et la France est un impératif absolu, c’est aussi un combat politique qui suppose constance et cohérence.