Ça sera comme lors d’un défilé de mode avec du folklore semblable à nos outrancières céré- monies familiales. Le « Puukare » en prime. Cette belle extravagance bien sénégalaise. Elles se feront gracieuses et se maquilleront outra- geusement à faire peur à des nourrissons. Surtout, elles mettront ces mèches dites « cheveux naturels » qui les font ressembler à des guenons.
Le Sénégal est un charmant pays où tout est prétexte pour s’amuser. Même pour la pose de la première pierre d’un édifice qui resterait des années sans sortir de terre ou des rendez-vous toujours manqués. Ce 8 Mars, qui sera célébré dans le folklore, cache bien des blessures.
Celles de pauvres femmes qui ne seront pas invitées au spectacle que d’autres produiront au Grand Théâtre à leur place et où se jouera la plus belle escroquerie de cette journée.
A l’intérieur du pays, des femmes continuent encore de mourir en couche ou de donner vie sur des charrettes. Beaucoup d’entre ces femmes meurent faute de soins adéquats. C’est un luxe dans ces coins re- culés d’y trouver un infirmier. Laissées à elles- mêmes dans le dénuement le plus total, beaucoup de meurent bêtement.
Dans leur précarité, elles portent pourtant le monde, nour- rissent des familles et travaillent inlassablement sans répit. Déjà vieilles ou veuves à quarante ans. Mariées de force à des vieillards qui leur laissent une ribambelle d’enfants à nourrir et que des politiciens viennent exploiter à chaque campagne électorale.
Ce sont ces femmes qui méritent d’être fêtées et qui ont tout notre respect. Pas celles qui vont porter des parures d’or et chercher à attirer à elles tous les projecteurs en cette Journée internationale des Femmes !
Le témoin