Ouverte depuis fin septembre dernier, la campagne de collectes de parrainages se poursuit. Pour passer cette étape fatidique et obligée pour les candidats, ces derniers ont presque tous investi le terrain à la recherche de potentiels signataires. Mais dans ce lot, il y en a qui, même s’ils parviennent à franchir le cap de parrainages, risqueront de se contenter à jouer les seconds rôles et ce, pour des raisons diverses.
Pour l’opposition, il y a Abdourahmane Diouf. Le leader de Awalé devra batailler dur pour déconstruire l’étiquette qui lui a été collée, celle d’être un « opposant doux », qui peut être de « connivence avec le pouvoir selon les circonstances ». Pourtant, ce juriste de formation semble constant dans sa démarche. Et pour preuve, il n’a pas suivi son ex-mentor Idrissa Seck dans sa démarche « suicidaire » de rejoindre la mouvance présidentielle, alors qu’il était sorti deuxième lors des échéances électorales de février 2019.Mais du fait de ses positions tranchées, il est tout de même considéré par certains, notamment membres de l’ex-Pastef, comme étant un pur produit du système. Au-delà de ces accusations portées à son encontre, à tort ou à raison, l’ancien directeur général de la Sones manque de base politique solide.
C’est le cas de son ancien camarade de parti Déthié Fall. Mais contrairement à l’ancien porte-parole du candidat Idrissa Seck lors de la dernière présidentielle, le discours de l’ex-député et membre fondateur de Yewwi Askan wi, principale coalition de l’opposition, ne semble souffrir d’aucun doute. M. Fall a su, très rapidement, se démarquer et s’engager dans l’aile dure de l’opposition incarnée par Ousmane Sonko, adulé par une bonne partie de la jeunesse sénégalaise. Grâce à sa « proximité » avec le maire de Ziguinchor, celui que l’on considérait comme « le technicien » de Yewwi Askan wi a pu engager une certaine sympathie au sein des anti-systèmes. Seulement, l’ancien numéro 2 de Rewmi, qui a longuement cheminé dans l’ombre d’Idrissa Seck, ne parvient pas encore à avoir une assise politique solide à 4 mois de l’élection présidentielle. Conséquence : Déthié Fall peut bien faire partie des faiseurs de roi si, toutefois, il parvenait à passer l’étape des parrainages.
Le Dr Babacar Diop est dans ce cas de figure, même si les trajectoires diffèrent. Élu maire de Thiès, en 2022, sous la bannière de Yewwi Askan wi, le professeur de philosophie s’est très vite démarqué de ladite coalition pour mettre en avant son parti Fds/Les Guelwaar. Mais celui-ci n’a pas encore étendu ses tentacules dans les coins les plus reculés du Sénégal. Une fois le nombre requis de parrains rassemblés, l’enseignant-chercheur aura la lourde tâche de gagner son fief, la capitale du Rail, réputée ville rebelle avec une dizaine de candidats à la candidature.
« Petits candidats » de l’opposition
C’est pareil pour le journaliste Pape Djibril Fall. Même s’il est parvenu à entrer dans au sein de l’hémicycle par la magie du système du plus fort reste, le jeune leader de « Les Serviteurs » traîne, lui aussi, une tare : absence d’une base affective. En effet, très en vue grâce ses interventions sur le plateau de « Jakarloo » à la Tfm, l’ancien chroniqueur est, aujourd’hui, frappé du fait de son statut de « non aligné » à l’Assemblée nationale. Ce qui a commencé à jouer contre lui si l’on sait que la présidentielle, c’est généralement le candidat officiel du pouvoir en place et les autres prétendants, en tout cas pour le premier tour du scrutin.
En vertu d’une loi adoptée en juillet dernier par l’Assemblée nationale, tout candidat à l’élection présidentielle sénégalaise doit obtenir les signatures de 0,6 à 0,8 % – soit 44.231 à 58.975 électeurs – du nombre d’électeurs inscrits sur le fichier électoral. Une partie de ces signatures doit provenir au moins de sept régions, à raison de 2.000 pour chacune. Mais il y a une innovation majeure qui peut être bénéfique pour les « grands » candidats de l’opposition comme Khalifa Sall, Karim Wade et celui de l’ex-Pastef: il est loisible au candidat à la candidature aussi de recourir au parrainage parlementaire, pour lequel il doit collecter au moins 13 signatures, soit 8 % de l’effectif des députés, tout comme il a la possibilité de collecter des signatures ou parrainages auprès des présidents des conseils municipaux (les maires) et départementaux.Pour cette dernière option, tout prétendant au mandat présidentiel qui y recourt doit réunir 120 signatures au moins, soit 20 % de l’effectif des présidents des conseils municipaux et départementaux.
N’ayant pas le nombre d’élus requis, Pape Djibril Fall, Babacar Diop, Abdourahmane Diouf, Déthié Fall, de « petits candidats », vont tous devoir faire recours au parrainage citoyen. Une option très risquée.