Le Sénégal a lancé en fin Octobre la saison touristique 2023-2024. Une saison plein d’optimisme avec un objectif d’atteindre les trois millions de visiteurs d’ici la fin de l’année. Dans cet entretien, Mohamadou Manel FALL, directeur de la promotion touristique a ouvert un coin du voile des ambitions de faire du Sénégal » une destination privilégié de la sous-région.
Après l’ouverture officielle de la saison touristique au Cap Skiring, quelle est la particularité de cette saison?
La particularité de cette saison est marquée par le phénomène du « travel revenge » à la suite de la période post-COVID. Le Sénégal a mis en place des stratégies ciblées pour conquérir de nouveaux marchés tels que les États-Unis et le Canada. De plus, une mise en avant du tourisme éco-responsable est observée, mettant l’accent sur une approche durable. Pour accompagner cette tendance, le pays dispose d’une capacité hôtelière relativement suffisante, avec l’introduction de nouveaux établissements comme le Riu Baobab contribuant ainsi à répondre à la demande croissante des voyageurs.
Avec le contexte pré- électoral, est-ce que des dispositifs ont été pris pour le bon déroulement de la saison?
En premier lieu, le volet sécurité a été renforcé avec des descentes régulières sur les établissements et une classification effectuée par la Direction de la Réglementation Touristique, visant à évaluer la conformité aux normes et la qualité des services proposés. En parallèle, une attention particulière a été portée à l’hygiène des voyageurs, tout en instaurant un suivi continu des voyages pour recueillir les informations et suggestions des touristes. Pour faciliter les déplacements, de nouveaux aéroports, tels que celui de Saint-Louis, ont été ouverts et des infrastructures de haute qualité ont été développées. De plus, des facilités de paiement ont été proposées grâce aux fintech du Sénégal. Simultanément, une présence digitale accrue a été établie pour faciliter le choix des circuits thématiques, avec le lancement imminent de l’application « Visit Sénégal ». En outre, un nouveau code du tourisme est en cours d’élaboration pour renforcer la réglementation du secteur, établir des normes plus strictes, favoriser le développement durable, protéger le patrimoine naturel et culturel, ainsi que réguler l’industrie touristique pour assurer une expérience éthique et de qualité.
Existe-t-il une cartographie de la fréquentation Touristique ?
Le Sénégal dispose en effet d’une cartographie de la fréquentation touristique, répartie en six zones spécifiques, chacune offrant ses particularités distinctes :
Chaque zone touristique offre une variété de types de tourisme. Ainsi, on retrouve du tourisme culturel et urbain à Dakar, du tourisme balnéaire et religieux dans la Petite Côte, du tourisme naturel et pittoresque dans le Sénégal Oriental, du tourisme patrimonial et culturel à Saint-Louis, de l’écotourisme dans le Sine Saloum, et enfin, une combinaison unique de sites naturels et culturels à explorer dans la région de Casamance.
Dakar, la capitale du pays, est la première zone touristique. Elle est le cœur battant du Sénégal, une ville aux mille couleurs et aux mille visages. Entre ses ruelles animées, ses marchés colorés et ses plages de sable fin, Dakar est une ville qui respire la vie.
La Petite-Côte, quant à elle, est une bande côtière de 150 kilomètres de long, bordée de plages de sable blanc, de lagunes paisibles et de villages de pêcheurs pittoresques. C’est un véritable paradis pour les amoureux de la mer, les surfeurs et les baigneurs.
Sine Saloum : Une destination émergente prisée par les passionnés d’écotourisme, offrant des expériences axées sur la nature, avec la présence des baies et de la mangrove
La région de Saint-Louis qui est un véritable joyau historique. Elle est située au nord du pays, où le fleuve Sénégal se jette dans l’océan Atlantique. Cette région est riche en patrimoine culturel, avec ses bâtiments coloniaux, ses musées et ses festivals de renommée mondiale.
La région de Casamance, une région de verdure et de culture.
Elle est célèbre pour ses forêts luxuriantes, ses rivières paisibles et ses plages de sable blanc. C’est un endroit idéal pour se détendre, s’immerger dans la culture locale et découvrir les talents artisanaux de la région.
La région du Sénégal Oriental qui est un véritable havre de paix pour les amoureux de la nature. Cette région est située à l’est du pays et abrite le parc national du Niokolo-Koba, une réserve naturelle où l’on peut observer des espèces rares, telles que les lions, les éléphants et les chimpanzés.
En terme de promotion et de développement disposez-vous de données chiffrés et statistiques prévisionnelles contrairement aux années précédentes?
Cette année, notre stratégie de promotion et de développement s’est appuyée sur des données précises plutôt que des suppositions. Grâce à une analyse approfondie basée sur le modèle TOMSTER, nous avons identifié des tendances distinctes et des marchés porteurs tels que l’Europe avec la France, l’Italie, la Belgique, l’Espagne, l’Angleterre, et l’Allemagne en progression. Les États-Unis ont également montré un fort engouement, notamment parmi la communauté des voyageurs noirs américains, de même que le Canada. Les pays asiatiques, avec la Chine en tête, expriment un intérêt croissant, sans négliger l’importance des pays de la sous-région tels que la Côte d’Ivoire, le Cameroun et le Maroc. En juillet 2023, les données de l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) ont enregistré l’arrivée de 1 829 907 visiteurs à travers les trois principaux aéroports, dépassant nos prévisions. Ce chiffre prometteur indique une voie solide vers notre objectif de 3 millions de touristes, une cible envisageable avant la fin de l’année. Notre optimisme est renforcé par la croissance du tourisme local, laissant entrevoir la possibilité de dépasser les 3 millions de visiteurs, renforçant ainsi le statut du Sénégal en tant que destination touristique incontournable.
Après la pandémie du Covid-19 qui a fortement impacté le secteur du tourisme, quels sont aujourd’hui les défis à relever ?
Les défis du secteur du tourisme sont universels car les répercussions de la pandémie persistent à l’échelle mondiale. Cependant, l’État s’engage activement à surmonter ces difficultés en mettant en place des mesures significatives. Les effets de la pandémie continuent d’influencer les voyages et le tourisme, mais des efforts considérables sont déployés grâce au Fonds du Crédit Hôtelier pour soutenir l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur. Cet engagement vise à surmonter les défis persistants auxquels font face les acteurs du tourisme, tels que la reprise post-pandémie, la résilience des entreprises, la restauration de la confiance des voyageurs, ainsi que la création d’environnements sûrs et stables pour les visiteurs et les opérateurs touristiques. Ces initiatives visent à revitaliser l’industrie du tourisme et à soutenir sa croissance à long terme malgré les difficultés persistantes liées à la pandémie.
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