Les interrogatoires se poursuivent à la barre de la chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Ziguinchor. Hier, ce fut le tour d’Abdou Sané, agent de santé au poste de santé de Toubacouta et Tombong Arouna Bodian d’être appelés pour répondre des chefs d’inculpation qui pèsent sur eux.
Abdou Sané nie avoir participé à la réunion de préparation du massacre du 6 janvier 2018. Appelé hier à la barre, il n’a pas reconnu les propos qui lui ont été prêtés à l’enquête préliminaire, renseigne Les Echos. Il explique qu’on lui a refusé l’assistance de conseil au moment de l’enquête. Le juge lui demande alors : «où étais-tu le jour des faits ?» Il répond: «j’étais au poste de santé et j’ai des témoins qui peuvent prouver ma présence au poste».
Malheureusement pour lui, l’infirmier chef de poste, Diatang Diatta, l’a démenti. Selon l’Icp interrogé à titre de témoin, le jour du massacre, l’accusé Abdou Sané était absent de la case de santé; il ne s’y est présenté qu’aux environs de 16h.
Il faut noter que Me Ciré Clédor Ly, leur principal avocat, s’est présenté ce jeudi, au quatrième jour de l’audience. Il a demandé à la Cour de faire la confrontation avec Ibou Sané qui a dénoncé Abdou Sané dans l’enquête préliminaire. Et comme avant-hier lors de son interrogatoire, Ibou Sané a balayé tout en touche: «je n’ai jamais dénoncé Abdou Sané».
L’avocat a demandé à Abdou Sané : «est-ce que tu connais René Bassène ?» Ce dernier répond par l’affirmative tout en précisant qu’il ne l’a pas vu depuis plus de 10 ans. «Connais-tu Omar Ampoye Bodian ?», relance Me Ly. L’accusé répond par la négative en précisant qu’il ne l’a connu qu’en prison avant d’embrayer : «je répète que je n’ai pas reçu l’ordonnance de mise en accusation. J’entends parler du Mfdc, mais je n’ai jamais participé à ses activités».
Le procureur, à son tour, a tenté de réfuter l’hypothèse de la non-assistance par un conseil avancée par Abdou Sané. Le parquet soutient que le détenu n’avait pas formulé aux enquêteurs la demande d’être assisté par un conseil. Un des rescapés, Cheikh Tidiane Bassène, entendu, a désigné deux détenus qu’il a reconnus comme étant parmi les auteurs de la tuerie.
En sa qualité de témoin dans cette affaire, Jean Baptiste Badji déclare avoir assisté à une réunion au centre polyvalent de Bourofaye Baynounck, à laquelle ont participé plusieurs accusés en détention. Selon toujours le témoin, c’est lors de cette réunion que René Capain Bassène a tenu des déclarations incendiaires telles «le sang va couler».
Acculé de questions, il est resté constant en confirmant ses propos. Mais selon lui, René Capain Bassène est incapable de faire du mal à une personne. Me Ciré Clédor Ly a tenté de démonter les arguments de l’implication de ses clients dans ce massacre du 6 janvier 2018.