Le décès d’Astou Sokhna à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga a poussé le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, à ordonner des audits qui ont révélé des négligences supposées du personnel médical.
Le directeur de la structure de santé a été relevé de ses fonctions et les agents en service le jour du drame ont été suspendus et au cœur d’une procédure judiciaire.
Face à la levée de boucliers contre leurs camarades, l’intersyndicale des travailleurs de la santé de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye a publié les statistiques enregistrées par la maternité de l’établissement de santé durant l’année 2021.
Une façon, sinon de les disculper, à tout le moins de leur accorder des circonstances atténuantes en montrant que le mauvais état du système de santé sénégalais est la cause profonde du drame. D’éviter qu’ils soient l’agneau du sacrifice.
Les chiffres de l’Intersyndicale renseignent sur les difficiles conditions de travail des membres du personnel de l’hôpital de Louga.
Dans leur communiqué, repris dans L’Observateur de ce mardi, les syndicalistes informent qu’en 2021, la structure de santé a accueilli 25 839 visites-prénatales pour 4887 accouchements, dont 3245 par voie basse, et 18 décès.
Pour prendre en charge ces femmes enceintes, la maternité ne dispose que de 15 sages-femmes et 3 gynécologues. Et sur la quinzaine de sages-femmes, seules six sont recrutées dans la Fonction publique.
Les autres, «bien qu’elles soient détentrices d’un diplôme d’état», sont payées par l’hôpital. «Elles percevraient de modiques salaires. Itou pour les gynécologues : une seule sur les trois a intégré la Fonction publique», souligne l’intersyndicale.
La même source signale que la maternité de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye, qui couvre la région de Louga, ne dispose que de quatre lits d’hospitalisation, de deux salles de travail de quatre places chacune, et d’une salle post-opératoire.
Cet apparent déficit de personnel et d’infrastructures est aggravé, selon l’intersyndicale, par l’arrêt des travaux d’extension et de réhabilitation du pôle Mère-Enfant, qui fait que la maternité fonctionne avec la moitié de ses capacités.
L’entreprise adjudicataire du marché devait l’exécuter en 12 mois, entre janvier et décembre 2019. Mais jusque-là elle n’a pas assuré sa part du contrat.