Un influent dirigeant traditionnel nigérian, délogé de son palais et banni de son royaume il y a quatre ans, a retrouvé son trône vendredi, célébré par ses partisans.
Muhammadu Sanusi II, 62 ans, est redevenu l’émir de Kano, un Etat dont il s’était aliéné le gouverneur d’alors, Abdullahi Ganduje, en s’opposant à sa réléection. Cela lui avait valu d’être « détrôné » manu militari pour « irrespect » et insubordination » en 2020, après un vote du Parlement local, et conduit sous escorte policière dans un autre Etat nigérian.
Cet ancien gouverneur de la banque centrale, réputé pour son franc-parler et partisan du changement social, n’avait pas non plus épargné de ses critiques les leaders religieux et politiques de la ville de Kano, la plus grande du nord du Nigeria, principalement peuplée de musulmans.
Mais vendredi, l’actuel gouverneur Abba Kabir Yusuf a présidé à son retour, rejetant un recours judiciaire visant à l’empêcher : « Nous… le réinstaurons comme émir légitime de Kano pour qu’il continue le bon travail qu’il faisait pour le bien du peuple de Kano », a déclaré Yusuf aux responsables et aux chefs traditionnels lors d’une cérémonie dans son bureau.
L’émir de Kano est considéré comme le deuxième dirigeant islamique le plus haut placé du pays, qui est le plus peuplé d’Afrique, après le sultan de Sokoto.
Les chefs traditionnels ont perdu leur pouvoir politique durant la colonisation britannique, mais l’influence de ces gardiens de la culture traditionnelle reste très importante dans la société.
Pouvoir politique et pouvoir traditionnel généralement ne s’immiscent pas dans leurs affaires respectives mais Sanusi Lamido Sanusi – son nom à l’état-civil – avait brouillé les cartes en portant des jugements négatifs sur la gestion de l’Etat, voire du pays.
Les émirs se succèdent de génération en génération depuis le 10e siècle. Muhammadu Sanusi II avait remplacé son grand-oncle sur le trône en 2014, incarnant une nouvelle génération de chefs modernes et très éduqués, qui n’hésitent pas à donner leur avis sur la chose publique.
Il avait été écarté de la Banque centrale en 2014 après avoir dénoncé des détournements de fonds massifs dans l’industrie du pétrole.