L’Allemagne va lever les strictes restrictions encadrant depuis les années 80 et le début de l’épidémie de sida les dons du sang par les homosexuels, a annoncé mardi le ministre de la Santé.
« Que quelqu’un puisse ou pas devenir donneur de sang est une question de comportement à risque, pas d’orientation sexuelle », a déclaré Karl Lauterbach auprès du groupe régional RND. « Il ne doit pas y avoir de discrimination cachée sur ce sujet », a fait valoir le ministre de la Santé du gouvernement d’Olaf Scholz.
L’amendement à la loi sur les transfusions que va présenter le ministre, cité dans la presse allemande, stipule désormais que « l’orientation sexuelle et l’identité de genre ne doivent pas être des critères d’exclusion ». La modification de la loi est annoncée pour le 1er avril mais l’Ordre des médecins disposera de quatre mois supplémentaires pour élaborer une nouvelle directive non discriminatoire.
Les restrictions du don de sang pour les homosexuels, datant des débuts de l’épidémie de sida dans les années 80, étaient alors motivées par la crainte que le risque de transmission du virus par un don de sang soit particulièrement élevé chez les hommes homosexuels.
Selon la directive actuelle de l’Ordre des médecins allemands, les homosexuels ne peuvent donner leur sang que s’ils n’ont pas eu de relations sexuelles avec « un nouveau partenaire ou plus d’un partenaire sexuel » au cours des quatre derniers mois.
La directive avait déjà été légèrement assouplie en 2021 : avant cette date, le délai était de douze mois.
La levée de ces restrictions dénoncées depuis de nombreuses années par les associations de lutte contre les discriminations, est inscrite dans le contrat de la coalition entre sociaux-démocrates, Verts et libéraux au pouvoir depuis fin 2021.
« L’abolition de la discrimination est attendue depuis longtemps et je me réjouis que Karl Lauterbach s’y attaque maintenant », a réagi le délégué ministériel à la cause LGBT Sven Lehmann, auprès des journaux du groupe Funke.
« Ce n’est pas l’orientation sexuelle ou l’identité de genre qui doit être déterminante pour une exclusion du don de sang, mais uniquement un comportement sexuel individuel à risque des donneurs potentiels », fait-il valoir.
Avant l’Allemagne, de nombreux pays, comme la France, l’Espagne, l’Italie, Israël ou encore l’Angleterre, ont déjà fait évoluer dans ce sens leurs conditions d’accès au don du sang.