Suite à la rétrocession de la base de Gossi par la force Barkhane à l’armée malienne, une guerre informationnelle entre les deux entités a éclaté. L’origine de cette brouille est un charnier découvert à 3,5 kilomètres de cette base. Les deux camps se rejettent la responsabilité dans cette affaire. Pour tenter d’éclairer l’opinion publique, le directeur de la Direction de l’Information et des Relations Publiques des Armées (DIRPA), le Colonel Souleymane Dembélé s’est présenté devant la presse, lundi 25 avril.
Il a d’abord refait le film des événements de la remise des clés de la base jusqu’à cette découverte macabre : « Après la rétrocession (mardi), le mercredi le renfort FAMa est entré très tôt dans l’emprise et le jeudi, dans la matinée, le camp a commencé à essuyé des tirs d’obus. Une patrouille de reconnaissance est sortie pour vérifier les alentours et voir ce qui s’est passé réellement. C’est au cours de cette patrouille qu’un jeu d’obus a atteint un camion FAMa. C’est la même patrouille qui, au cours de sa reconnaissance, a découvert, à cause d’une forte odeur de cadavres, le charnier. Et ça, c’était le jeudi aux environs de 6h30, 7h du matin. »
« Ce charnier existait bien avant l’arrivée des forces armées maliennes »
Comme réplique, l’armée française a dévoilé des images aériennes de capteurs placés au-dessus du camp où l’on voit un groupe de personnes, dont des militaires de Wagner, s’affairer autour du charnier. Le directeur de la DIRPA a tenu à démentir ces propos tout en soulignant la présence « illégale » de ces drones.
« L’affirmation de l’armée française quant à la présence de mercenaires russes sur les images n’est qu’une provocation. Jusqu’à présent, on ne sait pas à quel titre le ou les drones espionnent la base militaire de Gossi. Des drones en parfaite illégalité de filmer la base de Gossi et d’autres localités au nord et au centre du Mali », estime le colonel Souleymane Dembélé.
Selon le directeur de la DIRPA, cette attitude démontrerait les réelles intentions de l’armée française sur le territoire malien : « Cette posture de la force Barkhane confirme à suffisance qu’elle était plus prompte à espionner qu’être là pour lutter contre le terrorisme. Pendant 9 ans, la force Barkhane était là avec des drones qui pouvaient filmer à plus de 5000 km. Pendant 9 ans, cette force était là, des Maliens étaient assassinés à tour de bras, les militaires FAMa tués et Barkhane n’a pas pu mettre ces drones à profit pour desceller les assaillants. Et c’est aujourd’hui, après la rétrocession de la base de Gossi que cette force arrive à le faire. »
Il conclut : « Ce charnier existait bien avant l’arrivée des forces armées maliennes sur l’emprise de Gossi. »