Le président-fondateur d’AfrikaJom Center, Alioune Tine, a dévoilé sa lecture des résultats des élections locales du 23 janvier dernier. D’emblée, l’invité du « Jury du dimanche » de ce 30 janvier a déclaré : «C’est une victoire électorale pour le camp du pouvoir de façon globale, sur le plan quantitatif. Mais c’est une défaite politique pour eux. Perdre Dakar, c’est déjà une défaite politique, parce qu’on a beaucoup investi sur Dakar. Ils ont gagné et c’est une victoire électorale sans bavure. Mais, il me semble que dans les zones urbaines, il faut avoir une autre lecture.»
Selon M. Tine, il a l’impression que les événements du mois de mars 2021 ont atterri dans les urnes. «Quand vous regardez un peu les zones qui ont le plus bougé, c’est Dakar, Ziguinchor, Diourbel et Thiès. Donc, ma lecture, c’est qu’il y a beaucoup de ressentiments ; il y a beaucoup de bruit de fond dans ces élections qu’on n’a pas ressentis. Des gens qui ont nourri des frustrations depuis longtemps, etc.», dit-il.
«Le président de la République devrait lire le message et s’interroger pourquoi il a été sanctionné dans les zones urbaines»
Le droit-de-l’hommiste de soutenir : «Je dirais qu’il y a le désenchantement dans les zones urbaines, le ressentiment profond de beaucoup de couches sociales. Cela fait partie des lectures, et les déceptions. Il faut le dire, l’usure du pouvoir commence à se faire sentir au Sénégal. Donc, il y a une nécessité absolue, pour le pouvoir, de bien lire le message et de savoir rebondir. Quand on regarde également la manière dont ils font la lecture».
Ainsi, pour l’invité de Mamoudou Ibra Kane, le président de la République devrait lire le message et s’interroger pourquoi, effectivement, il a été sanctionné dans les zones urbaines. «Et surtout à Dakar, parce que la distance entre Diouf Sarr et Barthélemy Dias est énorme. Il faut également mettre fin à la politisation de l’Administration et puis la politisation tous azimuts. Il faut aussi investir sur la bonne ressource humaine. On a presque revu les mêmes attitudes d’arrogance qui avaient entraîné la chute de Wade», fait-il remarquer.
«Même ceux qui sont élus doivent faire attention, parce que tout le monde les attend»
Alioune Tine a affirmé que «dans son mandat, le président Macky Sall lui-même mettait en garde contre l’arrogance». «Il me semble que tout cela, il faut le lire parce que c’est des situations possibles qui sont très difficiles, dans des mutations absolument profondes, dans des confusions en tout genre. Même ceux qui sont élus doivent faire attention, parce que tout le monde les attend», prévient-il.
Pour finir, le patron d’Afrikajom Center affirme : «Nous avons un excellent système électoral. Donc, il faut arrêter d’instrumentaliser la fraude. Il faut faire preuve de bonne foi, qu’on soit de l’opposition ou du pouvoir. Nous connaissons les élections depuis 1993. Il faut dire que nous avons un bon système électoral. Il faut qu’on arrête, chaque fois, de mettre en doute le système électoral.»
Car pour Alioune Tine, «sur le plan républicain, il faut qu’on ait un consensus pour en faire un acquis définitif. Il est évident qu’il y a toujours des problèmes dans les élections, mais on a un système qui, sur le plan universel, répond aux standards des élections transparentes et démocratiques».