La douleur, la tristesse, la compassion pour les familles éplorées, sont les sentiments les mieux partagés après la tragédie inouïe survenue à l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy Dabakh de Tivaouane. Un nouveau drame qui n’était que le dernier à mettre en évidence les failles du système sanitaire. Espérons, cette fois, que les véritables leçons seront tirées.
Onze bébés sont morts calcinés dans un incendie à la crèche de l’hôpital Abdou Aziz Sy de Tivaouane. S’en est suivie la ronde classique des réactions politiques. Le ministre de la Santé, absent du pays, a annoncé son retour express, dépêché une équipe et déclenché la cellule de crise. Le ministre de l’Intérieur s’est rendu personnellement sur les lieux. Le président a twitté. Et les opposants politiques ont réclamé que des têtes tombent. Un air de déjà vu.
Cet incendie tragique à l’hôpital Mame Abdou Dabakh Sy de Tivaouane est un nouveau drame qui épingle les failles du système de santé.
Le 24 avril 2012 à Linguère, quatre nourrissons ont été calcinés dans un incendie. Le directeur avait été démis de ses fonctions. Des agents de santé, trois au total, inculpés et placés sous contrôle judiciaire pour les faits d’homicide et de blessures involontaires. Après plus rien.
Un autre drame est survenu, le 09 octobre 2021, à la Clinique Madeleine de Dakar. Le couple Saleh perd son bébé après des brûlures au premier degré.
L’affaire Astou Sokhna n’a pas fini de défrayer la chronique. Cette dame est morte en couches à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga. La famille avait saisi l’opinion pour dénoncer le comportement des sages-femmes. Son mari avait porté plainte. Une équipe du ministère de la santé a été dépêchée sur place. L’enquête interne avait conclu à un décès maternel évitable. Les sages-femmes mises en cause, ont écopé de 6 mois avec sursis pour «non-assistance à personne en danger», les autres mis en cause purement et simplement relaxés. Auparavant le directeur général de l’hôpital a été licencié. Une nouvelle procédure contre le gynécologue a été déclenchée. Dans cette affaire, les sages-femmes et le directeur ont été les agneaux du sacrifice. La famille de Astou Sokhna, les grands perdants. On ne parle pratiquement plus de cette affaire, la chronique a changé d’angle mais la famille souffre toujours.
Le 6 mai, à l’hôpital de Kaolack un bébé est déclaré mort par un agent de santé, puis retrouvé vivant à la morgue. Il succombera quelques heures plus tard. Le procès est toujours en cours même si la famille sur ordre de son marabout a retiré la plainte et la mise en cause est en liberté.
Aujourd’hui, Tivaouane pleure ses nourrissons. Les messages de consolations fusent de partout. Les responsabilités indexent le système. Mais pour les véritables changements en profondeur, on repassera.
Toutefois pour redonner confiance aux Sénégalais en leur système de santé il faudra plus que couper quelques têtes. Il faut un véritable plan de modernisation et que les vraies responsabilités soient enfin situées.