Les patrons de presse en ont gros sur le cœur. Dans un entretien paru ce mercredi dans L’Observateur, le président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps), Mamadou Ibra Kane, pointe les récentes décisions de l’État concernant le secteur des médias : «le rejet de l’effacement fiscal, le maintien de la dette fiscale avec des poursuites contre les entreprises de presse, le refus de moratoire, le gel des créances des entreprises privées sur l’’État du Sénégal, la résiliation des contrats publicitaires, le gel de l’aide à la presse 2024».
«Tous ces actes dénotent d’un dessein inavoué d’étouffer financièrement et fiscalement la presse. C’est le dessein caché des nouvelles autorités et c’est contre cela qu’il faut que nous réagissons», avance le patron du groupe Africome dont les titres, Stades et Sunu Lamb, ont cessé de paraître fin juillet.
Pour protester contre ces mesures, le Cdeps avait observé une journée sans presse, mardi 13 août. Après avoir évalué le mouvement de protestation, couronné de succès à leur goût, les patrons de presse entendent poursuivre le combat. Ils se sont réunis mardi dernier «pour déterminer la suite du plan d’actions». «Nous n’excluons aucune forme d’action», prévient Mamadou Ibra Kane. Qui peste : «Malgré l’appel au dialogue du président de la République, on dirait que le ministre de la Communication a reçu des contre-directives pour faire exactement le contraire de ce à quoi appelle le chef de l’État.»
Le Cdeps, par la voix de son président, reproche au ministre de la Communication de brandir des «chiffres fallacieux» à propos de la dette fiscale des médias. «Il a prétendu que c’est le privé qui doit plus que le secteur public, alors que sur les 13 milliards francs CFA de dette fiscale, 10 milliards en droit simple et 3 milliards en pénalités, le secteur public représente 54%, les entreprises de presse privée 46%. Dans son exposé, lors de sa conférence de presse, il a prétendu l’inverse», enrage Mamadou Ibra Kane.
De toute façon, défend le fondateur d’Africome, cette dette fiscale n’existe plus. Il assène : «Avec la divulgation du courrier du Président Macky Sall en date du 20 mars 2024, il est établi que l’effacement fiscal est une réalité. Les nouvelles autorités ont caché ce document qui, maintenant, a été divulgué. Jusqu’à preuve du contraire, à moins que le Président ne presse un nouvel acte de même ordre, l’effacement fiscal est effectif.»