Dans un communiqué du 28 août, le Collectif pour la Défense des Militaires (CDM) a catégoriquement rejeté la médiation du président sénégalais Macky Sall entre le Mali et la France suite à la saisine par les Autorités de la Transition du Mali, du Conseil National de Sécurité des Nations Unies.
Pour rappel, le 16 août, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, Abdoulaye Diop, a envoyé une lettre au Conseil de sécurité de l’ONU accusant la France de violer l’espace aérien du Mali ainsi que de soutenir les groupes djihadistes et demandant une réunion d’urgence pour transmettre des éléments crédibles aux membres du Conseil.
On a appris que le Sénégal s’est dit disposé à faire une médiation dans la crise actuelle entre la France et le Mali. En effet, Aïssata Tall Sall, la ministre des Affaires Etrangères, la cheffe de la diplomatie sénégalaise a déclaré que le président sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine va continuer de jouer le rôle de médiation, pour que « cette affaire ne soit pas exposée au Conseil de sécurité ». Aïssata Tall Sall assure que le président Macky Sall « fera tout ce qui est nécessaire pour que cette affaire s’arrête là, et n’évolue outre-mesure».
Pourtant, au Mali, cette initiative de Dakar a été accueillie avec défiance. Selon le communiqué du Collectif pour la Défense des Militaires, l’implication de la France dans la déstabilisation du Mali est insignifiante pour Macky Sall, qui avait appliqué contre le peuple malien des sanctions. « Animé de cette mauvaise foi, le CDM rejette catégoriquement cette médiation et exige du Président Macky Sall de la retenue et du respect au peuple souverain du Mali ». Le CDM rappelle que depuis plus d’une décennie le Mali fait face à un terrorisme international et cette guerre « a été imposée et entretenue par la même France ».
Le Collectif affirme que Macky Sall est mal placé pour mener quelconque médiation entre la République du Mali et la République de la France et s’interroge sur les motivations réelles de cette médiation. Le CDM mentionne que Macky Sall est « soupçonné de faire débarquer au port de Dakar, sous une tempête de pluie, un bateau français transportant plusieurs soldats ». Après vient s’ajouter le dossier de 49 soldats ivoiriens débarqués illégalement armes et bagages à l’Aéroport Modibo Keïta de Bamako. D’après le communiqué du Collectif, on peut soupçonner que le président sénégalais Macky Sall et le président ivoirien Alassane Ouattara souhaitent la continuation de cette guerre au Mali après tant d’années de victimes et de sanctions illégitimes.
Il ne fait nul doute qu’en proposant cette médiation, le Sénégal n’entend nullement défendre les intérêts du Mali, mais, au contraire, se précipite au secours de Macron. Il est bien connu que Macky Sall et Alassane Ouattara agissent sur les instructions de Paris.
Malgré le fait que la France ait finalement retiré ses troupes du Mali le 15 août, Paris entend toujours contrôler la situation dans le pays. Maintenant, il le fait à travers la mission onusienne, la MINUSMA. Il convient de souligner que c’est Paris qui rédige les textes des résolutions sur le prolongement du mandat de cette mission. D’après les sources, la France a depuis longtemps mis en place ses propres structures et dispositifs au s**n de la MINUSMA, fournissant aux mercenaires arrivant au Mali les documents et la logistique nécessaires, les légalisant et les mettant à l’abri de la surveillance des forces de l’ordre maliennes.
Mais l’affaire récente de l’arrestation de 49 militaires ivoiriens entrés illégalement au Mali le 10 juillet a mis fin à cette filière illégale de livraison et de légalisation de mercenaires, dont la mission est de mener une «guerre sans fin» pour de l’argent. Les «Ivoiriens», dont beaucoup ne parlent pas français, sont en fait des mercenaires rassemblés dans diverses régions d’Afrique.
Ainsi, il vaut la peine de se poser la question, pourquoi le Sénégal qui n’a rien fait pour empêcher le président français à pousser la CEDEAO à prendre des sanctions contre le Mali, le Sénégal qui n’a pas entrepris une médiation pour éviter d’autres sanctions prises contre le Mali, veut-il jouer le rôle de médiateur entre le Mali et la France et empêcher que la plainte malienne soit examinée par le Conseil de sécurité ? Qui Macky Sall compte-t-il vraiment aider dans cette affaire?
Par Bengue Prudence