La banque centrale du Nigeria (CBN) a annoncé pour janvier des restrictions drastiques sur les retraits d’espèces sans préciser les raisons de cette décision, deux mois et demi avant l’élection présidentielle.
A partir du 9 janvier prochain, les particuliers ne pourront plus retirer que 20.000 nairas (42 euros) par jour et 100.000 nairas (210 euros) par semaine, contre 2.5 millions (5.350 euros) par jour auparavant, a annoncé mardi soir la CBN.
« Les retraits supérieurs à ces limites seront soumis à des frais de traitement de 5 et 10% respectivement », a déclaré la CBN.
La banque a indiqué que les distributeurs automatiques délivreront seulement des coupures de 200 nairas ou moins.
Selon les économistes, ces restrictions viseraient à limiter la circulation de l’argent liquide en dehors du système bancaire et à encourager les paiements électroniques, notamment l’utilisation de l’e-naira, monnaie électronique.
« Mais les Nigérians ne l’adoptent tout simplement pas parce qu’ils n’en voient pas l’utilité », insiste auprès de l’AFP Tunde Ajileye, analyste du cabinet de conseil nigérian SBM Intelligence.
Les experts voient aussi ces restrictions comme un moyen de décourager l’achat de voix et limiter la corruption des hommes politiques, pratiques courantes au Nigeria, avant l’élection présidentielle du 25 février prochain.
« Si telle est la raison de cette décision, elle arrive trop tôt. Les hommes politiques nigérians sont pleins de ressources et trouveront un moyen d’ici là de contourner cette mesure », a poursuivi M. Ajileye.
Dans un pays où le « cash » reste roi pour une majorité de Nigérians, pour la plupart pauvres, cette annonce risque de rajouter une couche à la gronde sociale quelques jours après le lancement de nouveaux billets de 200, 500 et 1.000 nairas.
Confrontés à une insécurité généralisée, dont une insurrection jihadiste dans le nord-est, les Nigérians éliront un successeur au président Muhammadu Buhari, qui ne se représente pas après deux mandats, comme le prévoit la Constitution.