Voici les principaux points de frictions entre Pékin et Washington.
Taïwan
C’est le plus sensible des contentieux.
La Chine estime que Taïwan est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.
Pékin accuse Washington, qui fournit déjà l’île en armes, d’opérer ces dernières années un rapprochement avec les autorités taïwanaises, au mépris de leurs engagements passés et du statu quo.
La Chine entend récupérer pacifiquement le territoire, reconnu seulement par 13 pays dans le monde, mais menace d’utiliser la force si les autorités à Taïwan déclarent leur indépendance.
Les tensions ont connu leur apogée en août 2022, lorsque la cheffe de la Chambre américaine des représentants, Nancy Pelosi, troisième personnage de l’Etat américain, s’est rendue à Taïwan.
Sa visite a déclenché la colère de Pékin, qui a rappelé aux Etats-Unis leur engagement à ne pas avoir de relations officielles avec Taipei et déclenché en représailles ses plus importantes manoeuvres militaires autour de l’île.
D’autres ont été organisées en avril 2023 après une rencontre entre l’actuel chef de la Chambre américaine des représentants, Kevin McCarthy, et la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen.
– Mer de Chine méridionale –
La rivalité entre Pékin et Washington en mer de Chine méridionale, située entre Chine, Vietnam, Malaisie, Philippines et Brunei, s’est accélérée ces dernières années.
La Chine, au nom de raisons historiques, revendique la quasi-totalité des îles de cette vaste zone maritime. Chaque pays riverain en contrôle une partie.
Pékin est de plus en plus irrité par la présence dans ces eaux de la marine américaine, qui dit y défendre la « liberté de navigation » face aux prétentions chinoises.
Des incidents surviennent parfois entre navires chinois et américains.
Pacifique
Chinois et Américains rivalisent d’influence diplomatique auprès des nations insulaires du Pacifique.
Washington disposera par exemple d' »un accès sans entrave » aux bases militaires de Papouasie-Nouvelle-Guinée, selon le pacte de sécurité historique signé fin mai avec cet Etat.
La Chine a quant à elle signé un pacte de sécurité avec les îles Salomon, secouées en 2021 par des émeutes, en vertu duquel le pays insulaire pourrait solliciter la police chinoise afin de l’aider à rétablir l’ordre.
Espionnage
Les États-Unis comme la Chine s’accusent régulièrement de s’espionner l’un l’autre.
La visite à Pékin d’Antony Blinken devait initialement avoir lieu en février, mais elle a été annulée lorsqu’un ballon chinois, « espion » selon Washington, a été repéré dans l’espace aérien américain et abattu par les Etats-Unis.
Pékin a affirmé qu’il s’agissait d’un aéronef météorologique et accusé Washington d’usage excessif de la force.
La semaine dernière, un responsable de la Maison Blanche a affirmé que la Chine gérait une cellule de renseignement à Cuba depuis plusieurs années pour espionner les Etats-Unis.
Pékin accuse régulièrement Washington et ses agences de renseignement (CIA, NSA) d’être de loin les plus grands organismes d’espionnage au monde.
Rivalité dans les technologies
Les États-Unis ont lancé ces dernières années une offensive contre les géants chinois des technologies.
Le mastodonte des télécommunications Huawei fait l’objet de sanctions américaines.
Des élus américains ont également demandé l’interdiction de l’application TikTok, dont la maison-mère ByteDance est chinoise, au nom de craintes liés à la sécurité.
Le ministère américain du Commerce empêche par ailleurs des dizaines d’entreprises chinoises d’acquérir des technologies américaines.
Pékin accuse Washington de vouloir bloquer l’essor d’entreprises chinoises meilleures dans leur domaine que leurs homologues américaines et d’entraver le développement économique de la Chine.
Sur fond de rivalité entre les deux puissances sur les semi-conducteurs, les Etats-Unis imposent depuis l’an passé des restrictions sur l’accès de la Chine aux puces haut de gamme.
Russie
La Chine se dit neutre dans la guerre en Ukraine et vouloir jouer un rôle de médiatrice.
Elle plaide pour le respect de la souveraineté de tous les pays, Ukraine comprise, mais n’a jamais condamné l’invasion russe, s’attirant les critiques d’alliés occidentaux de Kiev et notamment de Washington.
– Ouïghours –
Le gouvernement américain et des parlementaires de quelques pays occidentaux accusent la Chine de « génocide » à l’encontre des Ouïghours dans le Xinjiang (nord-ouest).
Pékin dément fermement et affirme mener avec succès une campagne antiterroriste dans cette région, longtemps meurtrie par des attentats sanglants, attribués à des militants séparatistes et islamistes ouïghours.
Des organismes de défense des droits de l’Homme affirment que des gens y sont soumis à du « travail forcé » et qu’au moins un million de personnes, notamment musulmanes, ont été internées dans des « camps ».
Pékin parle de « centres de formation professionnelle » destinés à enseigner un métier et éradiquer l’extrémisme.