Un groupe parlementaire français, composé de députés de La France insoumise et du Nouveau Front populaire (LFI-NFP), a annoncé son intention de déposer une demande pour la création d’une commission d’enquête parlementaire.
L’objectif : faire toute la lumière sur les « obstructions » prétendument orchestrées au sein de l’administration française pour empêcher la reconnaissance officielle du massacre de Thiaroye, survenu le 1er décembre 1944 au Sénégal.
Dans un communiqué publié récemment, le groupe LFI-NFP dénonce les tentatives de maintenir un « discours d’État mensonger » autour de cet événement tragique de l’histoire coloniale française. Ils affirment que ces blocages administratifs compromettent les efforts de reconnaissance et d’accès aux archives nécessaires pour mieux comprendre les circonstances du massacre.
Le groupe prévoit d’appeler les autres formations politiques françaises à soutenir leur initiative, à l’exception du Rassemblement national (RN). Le massacre de Thiaroye a coûté la vie à des dizaines de soldats africains ayant combattu pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces anciens combattants avaient été stationnés au camp militaire de Thiaroye, près de Dakar, et réclamaient le paiement de primes et d’indemnités qui leur étaient dues depuis plusieurs mois.
Selon le groupe LFI-NFP, ce massacre a longtemps été présenté comme une réponse légitime à une rébellion incontrôlable, une version des faits qu’il qualifie d’erronée. Les députés dénoncent également une sous-estimation persistante du nombre de victimes, ainsi qu’un effacement de cet épisode des mémoires collectives en France.
Le groupe rappelle que l’ancien président français François Hollande avait promis de faire la lumière sur ce massacre, mais des archives restent toujours inaccessibles. Cet événement reste largement absent des manuels scolaires et de la mémoire officielle française, malgré son importance dans l’histoire coloniale.
Les députés Aurélien Taché et Aly Diouara, figures de proue de cette initiative, soulignent que cette reconnaissance est essentielle pour réparer une injustice historique et pour réconcilier la France avec son passé colonial. Ils militent pour l’ouverture de toutes les archives relatives au massacre de Thiaroye et pour que celui-ci intègre pleinement la mémoire nationale française.
Aurélien Taché et Aly Diouara ont également annoncé leur intention de venir à Dakar, le 1er décembre 2024, pour assister à la commémoration du 80? anniversaire du massacre. Cet acte symbolique vise à honorer la mémoire des victimes et à réaffirmer leur engagement en faveur de la justice et de la vérité historique.
Alors que le massacre de Thiaroye reste un épisode méconnu du grand public en France, cette initiative parlementaire pourrait marquer un tournant dans la reconnaissance des crimes liés à la colonisation. Les députés de LFI-NFP espèrent que cette commission d’enquête sera le point de départ d’un débat national plus large sur l’histoire coloniale et ses implications actuelles.