Dans un communiqué rendu public ce matin, la Société des pétroles du Sénégal a expliqué les raisons officielles de la renonciation totale de British Petroleum, actionnaire principal du champ gazier de Kayar. Des divergences de vues en sont à l’origine, d’après le document.
Ce désengagement s’accompagne d’un transfert du rôle d’opérateur à Cosmos et du transfert de ses intérêts, 60 %, aux deux entités restant dans l’association, Petrosen et Cosmos, au prorata de leurs participations respectives, soit 15 % pour la société nationale et 45 % pour Cosmos. Il est également prévu l’entrée dans l’association de nouvelles actionnaires par scission croisée de 30 % des parts de Cosmos et 1 % des parts de Petrosen.
À terme, c’est d’obtenir une association composée de Petrosen majoritaire à 34 %, Cosmos à 33 % et le nouvel actionnaire à 33 %. Cette nouvelle donne marque un tournant majeur dans la montée en puissance de la société nationale.
Cependant, pour comprendre la raison d’un tel désengagement dans ce contexte, Ibrahima Bachir Dramé, expert pétrolier, est joint par téléphone. Et d’après lui, c’est une bonne chose pour la Société des pétroles du Sénégal Petrosen qui va monter en puissance.
« Le monde du pétrole et du gaz n’est pas un monde de certitudes. C’est un monde d’abord d’intérêts, d’enjeux financiers énormes, de sécurité aussi. Et les multinationales sont porteuses d’actions de certaines personnes et ces gens et ils répondent à des exigences. Dans le cas d’espèce, le Final Investment décision, la décision finale d’investissement n’a pas été signée. Cela veut dire quoi ? Qu’il n’y a pas eu de go pour aller vers l’exploitation sur le champ. Il y a simplement qu’ils étaient encore dans des moments de modélisation, ils étaient encore dans des calculs d’intérêts. Les États aussi regardent les intérêts de la population. Et justement, dans ce cas, il est normal que quand il y a un classement, on cède des actions à l’un des partenaires. Et dans le cas d’espèce, c’est Cosmos qui récupère les actions »,déclare Ibrahima Bachir Dramé.
D’après l’expert pétrolier, une autre raison se cache derrière le départ de British Petroleum. « Depuis quelques années, vous voyez vous-mêmes que certaines missions nationales ont tendance à se désengager des énergies fossiles pour aller vers d’autres sources d’énergie. Donc, ils sont dans la prévision. Et ce n’est pas que ces gens-là ne répondent pas à la clameur espérée, mais c’est parce qu’ils sont aussi dans les intérêts et dans le calcul d’avenir », fait-il comprendre.