Voté en procédure d’urgence, juste avant les élections locales de janvier 2022, le poste de Premier ministre remis dans la Constitution après y avoir été extirpé par le chef de l’État, tarde toujours à être fonctionnel. Une situation qui met le pays dans une incohérence constitutionnel, de l’avis du député membre de l’Union citoyenne Bunt Bi, Théodore Chérif Monteil.
«Je pense qu’il ne s’agit pas de fixation de délai. Il s’agit de cohérence. Aujourd’hui on a modifié la Constitution sénégalaise qui précédemment disait que le gouvernement était responsable devant le président de la République. Dès lors qu’on a promulgué un nouvel article qui dit que le gouvernement est responsable devant le Premier ministre et que ce dernier est responsable devant le président et devant l’Assemblée nationale, on est complètement en dehors de la loi. Ce qu’on fait aujourd’hui n’est pas en cohérence avec ce que la Constitution nous dicte», a dit l’invité du Grand Jury de RFM.
Sur les raisons avancées par Macky Sall évoquant son agenda chargé pour ramener le poste, le député pense que «ce prétexte n’a jamais été valable». «À l’époque je l’avais dénoncé à l’Assemblée nationale disant que ce n’est pas possible. La présidence de l’Union Africaine requiert certes beaucoup de temps, mais en réalité ça n’a jamais été le véritable motif du retour du poste de Premier ministre». Selon le député, le retour du poste était dicté par les circonstances. «Quant on l’a enlevé c’était un acte politique. Quant on l’a ramené c’est un acte de nécessité parce que le climat social est tendu. Le président de la République s’est rendu compte qu’il ne pouvait pas continuer à se passer d’un coordonnateur de l’action gouvernementale», a-t-il dit, avouant qu’il avait voté contre la loi.
A la question de savoir si Macky Sall peut nommer le Premier ministre après les élections législatives, Théodore pense que ce serait hors la loi. « Macky Sall tout président de la République reste sous la coupe de la Constitution sénégalaise. Et il en est le gardien. Donc il ne peut pas poser des actes qui sont en dehors de la Constitution. Je pense que ce ne serait même pas respecter la loi fondamentale du pays que de rester aussi longtemps sans pouvoir un poste que la loi exige. C’est de la fiction de croire que les gens vont attendre juillet pour nommer un Premier ministre. Dans ce cas, on qu’à encore modifier la loi et enlever le poste. C’est mieux».