Au Sénégal, l’avortement est interdit par la loi. Il est puni de six mois à deux ans de prison et 50 000 à 1 million de francs CFA d’amende.
Une seule exception est admise : lorsque la vie de la femme est sérieusement menacée. Et dans ce cas, l’intervention doit être autorisée par trois médecins. Malgré tout, les avortements clandestins sont fréquents dans le pays. Dans un article consacré au combat pour la légalisation des Interruptions volontaires de grossesse (IVG), paru vendredi 29 avril, le quotidien français Le Monde donne des chiffres du phénomène qui font froid dans le dos.
Reprenant un rapport de la Ligue africaine des droits humains, le journal signale que les IVG non-autorisées représentent 8% de la mortalité maternelle et sont la cause de 50% des admissions aux urgences gynécologiques. Le phénomène révèle une différence de conditions entre riches et pauvres. Là où les femmes disposant de moyens financiers conséquents peuvent recourir à une IVG clandestine mais médicalisée, moyennant des montants variant par exemple entre 150 000 et 250 000 francs CFA, les plus modestes se tournent vers des méthodes rudimentaires et s’exposent à la prison pour infanticide.
L’infanticide est d’ailleurs le premier motif d’incarcération à la prison Camp pénal Liberté VI. En 2020, rapporte Le Monde, l’Administration pénitentiaire a recensé dans cette prison 43 femmes poursuivies pour ce délit ou pour avortement.
Le journal révèle en outre qu’en 2021, 39 corps de bébés ont été retrouvés au milieu de la décharge de Mbeubeuss. Le chiffre est donné par Isidore Gomis, le responsable de la sécurité de l’Unité de coordination de la gestion des déchets solides (UCG).