Le pouvoir veut en finir visiblement avec Ousmane Sonko et l’affaire Sitor Ndour semble être le prétexte idéal pour envoyer le leader de Pastef en prison, avec l’appui de réseaux extérieurs.
Le jeudi 18 août 2022, Ousmane Sonko déclare sa candidature à la présidentielle de 2024. Quelques jours auparavant, la rumeur annonçait l’intention du pouvoir d’envoyer le leader du Pastef en prison sur fond de l’affaire Adji Sarr, la masseuse qui accuse Sonko de viol. Depuis ce jour de déclaration de candidature, la machine de Benno bokk Yaakaar s’est emballée.
Le premier acte posé vient de la presse, accusée très souvent par les partisans de Sonko d’être à la solde de Macky. Et c’est le journal L’As dont le promoteur officiel est un responsable de l’Apr qui s’est chargé de la mission. Dans un titre à la Une intitulé ‘’Le poids des mesures’’, le canard qui met en cause l’application de la loi se demande ‘’pourquoi Sitor et pas Sonko’’.
En fait, l’affaire Sitor Ndour, aujourd’hui sous mandat de dépôt pour avoir violé sa domestique, semble être une aubaine pour la majorité présidentielle. Le régime pense tenir l’occasion d’envoyer enfin Ousmane Sonko en prison au nom de l’égalité des citoyens devant la loi. C’est ce qui justifie que ce dossier, qualifié d’affaire privée par les tenants du régime, soit évoqué devant Macky Sall, samedi 20 août, lors d’une audience au palais avec les députés nouvellement élus de Benno bokk Yaakaar.
La revendication a été portée par le ministre Abdoulaye Saïdou Sow, maire de Kaffrine, élu député. « Il est inacceptable qu’un de nos camarades, l’ancien directeur général du COUD, soit dans les liens de la détention alors qu’un autre accusé des mêmes faits circule librement », dénonce l’ancien responsable du Pds.
Internationalisation du dossier
Il est épaulé par le ‘’puissant’’ Farba Ngom, maire de Agnam. « On doit tirer cette affaire au clair et permettre à tout le monde d’être fixé. Même ses partisans doivent l’encourager à aller répondre et clarifier les choses devant la justice pour que sa candidature puisse être légitime ». Mais en réalité, pour Farba Ngom, c’est plus qu’une suggestion.
Le même jour, dans une conférence de presse animée par ces deux responsables au sujet du retrait des soldats sénégalais du Mali, Farba Ngom a invité la jeunesse à refuser de se mobiliser en faveur de Sonko sur l’affaire Adji Sarr. Le maire de Agnam a également invité les journalistes à interpeller Sonko sur ses relations avec son accusatrice.
Le ton étant donné au sommet, il appartiendra désormais aux responsables, de façon individuelle, et aux organisations satellites de faire le reste. Les jeunes de l’Apr de Guédiawaye se sont déjà jetés dans le bain. Ces jeunes dirigés par Lat Diop affirment «qu’il n’y aura pas d’élections à Guédiawaye si le sieur Ousmane Sonko n’est pas jugé ». Le tout sans compter l’activisme quasi permanent de Gabrielle Kane.
Le régime semble donc ‘’sortir de l’improductif face-à-face avec Sonko’’, souligné par le journal Le Quotidien dans son édition du jeudi 25 août. Mais au lieu d’élargir le champ politique en réhabilitant Karim et Khalifa comme le suggère le journal, le pouvoir semble opter pour la solution radicale : envoyer Sonko à l’hôtel zéro étoile.
La prison ou la deuxième vague
Dans cette perspective, le journal L’As révèle que la famille de Adji Sarr veut porter l’affaire devant la justice occidentale. Une plainte à Bruxelles est ainsi envisagée. Le journal annonce également le soutien d’organisations féminines étrangères. Ce qui, espère-t-on, donnera une autre tournure à l’affaire. Mais en réalité, ce ne serait qu’une suite logique dans l’internationalisation du dossier.
En effet, un an après l’éclatement de l’affaire et les manifestations du mois de mars 2021, presque tous les médias français orientés vers l’international ont évoqué l’affaire. Rfi, Le Monde, Tv5 et Jeune Afrique ont tous donné la parole à Adji Sarr, à l’unisson, pour enfoncer Sonko, connu pour son hostilité vis-à-vis de la France. Une internalisation sur le terrain judiciaire après celui médiatique serait donc une suite logique.
Il reste qu’avec la nouvelle posture du pouvoir et la détermination du camp de Sonko, le duel final ou fatal semble inévitable, avec deux issues possibles : Sonko en prison ou la deuxième vague tant promise à Macky Sall.