Il avait obtenu du Sénégal, comme de beaucoup d’autres pays africains, la fermeture des écoles Yevuz Selim. Mais manifestement, le président turc, Racep Tayyip Erdogan, entend aller plus loin dans le démantèlement du réseau Fethullah Gülen, son ennemi juré, qu’il accuse, notamment, d’avoir financé le coup d’Etat manqué contre son régime en juillet 2016.
En effet, rapporte Libération dans son édition de ce jeudi, Ankara a demandé l’expulsion des Turcs Tufan Feyzi Nizamoglu et Emré Baskaya, présentés comme des proches de pro-Gülen. Dakar a donné une suite favorable à la requête en demandant aux concernés, par un arrêté daté du 13 mai, de quitter le territoire sénégalais.
Libération informe que Emré Baskaya a déjà quitté le Sénégal depuis l’année dernière. Tufan Feyzi Nizamoglu, lui, est resté dans le pays où il tient depuis 2019 une entreprise de BTP employant 350 personnes et faisant un chiffre d’affaires annuel de 6 milliards de francs CFA.
Libération rapporte que l’homme d’affaires turc est en détention depuis le 29 juin dernier dans les locaux de la DIC. Le journal précise que les policiers lui ont notifié l’arrêté prononçant son expulsion, en soulignant que cette décision a été prise «suite à une mesure administrative sollicitée par les autorités turques».
Tufan Feyzi Nizamoglu s’oppose à cette mesure. Le 4 juillet, ses avocats ont saisi la Cour suprême en vue d’obtenir l’annulation de l’arrêté d’expulsion.
En attendant la réponse de la haute juridiction, qui ne s’est pas encore prononcée, ses conseillers demandent sa libération. L’un d’eux plaide : «Il vit au Sénégal avec sa femme et ses enfants qui sont scolarisés dans les écoles sénégalaises. Il emploie des Sénégalais et a plusieurs chantiers en cours. Qu’on le laisse rentrer chez lui, le temps que la Cour suprême statue.»
Les avocats de Tufan Feyzi Nizamoglu signalent que leur client avait pourtant bénéficié, le 29 juillet 2019, d’un décret lui accordant le statut de réfugié.