Pour que le message soit plus clair à l’endroit de tous, le communiqué précise que la coalition « se réserve le droit de tirer toutes les conséquences à l’encontre de tout transgresseur de celles-ci ». En d’autres termes, Khalifa Sall pourrait être expulsé de Yewwi Askan wi. Ainsi, on semble frôler la rupture entre Taxawu Sénégal et le reste, Pastef en particulier.
Pourtant, la coalition peut faire preuve d’intelligence en jouant doublement à partir de Khalifa Sall. Sans lui donner un quitus, Yaw peut laisser l’ancien maire de Dakar dialoguer avec Macky Sall, tout en restant ferme sur sa position. Cela lui permettrait de pouvoir bénéficier des fruits du dialogue, sans se renier.
En effet, à ce jour, Ousmane Sonko comme Khalifa Sall voient leur candidature être compromise. Or, quelle que soit la capacité de mobilisation du Pastef, rien ne prouve qu’il puisse imposer la candidature de Sonko à partir de la rue. Il suffit que Macky Sall renonce à se présenter pour un troisième mandat pour faire baisser la tension politique. Beaucoup redoute d’ailleurs que Macky Sall abandonne et emporte ses adversaires, Sonko en premier.
Il est donc important de laisser le dialogue se faire. De toute façon, il sera difficile voire impossible de rétablir Khalifa Sall et Karim Wade, tout en écartant Ousmane Sonko. Du coup, laisser Khalifa négocier les conditions d’un rétablissement des ‘’bannis’’ relève de l’intelligence politique.
Et si jamais le dialogue débouche sur un report des élections ou encore l’acceptation d’une troisième candidature de Macky Sall, Yewwi Askan wi pourra alors investir. Et dans un tel scénario, Khalifa Sall sera obligé de choisir son camp : valider la troisième candidature de Macky Sall (ce à quoi il est opposé fermement jusqu’ici) ou alors rejoindre la mobilisation. Mais à condition que les portes de la coalition ne lui aient pas été fermées. Il est donc important de lui aménager une porte de retour.
Après tout, les leaders de Yaw doivent beaucoup réfléchir au sort de la coalition Siggil Sénégal en 2012, avec à sa tête deux leaders : Moustapha Niass et Ousmane Tanor Dieng. A cause d’une querelle d’égo, ils ont déçu les espoirs des Sénégalais. Tous les deux ont été sanctionnés et un certain Macky Sall a ‘’ramassé’’ le pouvoir. Aujourd’hui encore, l’histoire bégaie et si Sonko et Khalifa Sall ne font pas attention, la sanction pourrait encore tomber et un outsider viendrait ramasser à nouveau le pouvoir en 2024.